Conversions – Tordre le cou aux idées reçues

Conversions – Tordre le cou aux idées reçues

Vous pensez maîtriser les conversions? Revisitez vos certitudes avec l’article d’Ueli Mosimann. Les conversions à ski de rando sont plus risquées qu’on ne croit!

Quand on parle des dangers en randonnée à skis, on pense généralement aux avalanches. Après tout, ce sont elles qui font le plus de victimes chaque année. Cependant, on oublie souvent que les accidents dus à des chutes sont bien plus fréquents, et que ces dernières sont souvent à l’origine de graves blessures.

Chuter… à la montée?

Au cours des 10 dernières années, 407 randonneurs à skis ont été pris dans une avalanche, tandis qu’ils sont 1260 à avoir fait une chute. Parmi eux, 755 ont subi des blessures graves ou assez graves, et 33 ont trouvé la mort.

Un élément est assez surprenant au premier abord: les chutes sont également nombreuses à la montée. Elles se produisent généralement à la suite d’une glissade sur de la neige dure ou d’une conversion ratée.

Quand la pente présente une inclinaison de 30 degrés ou plus, même les randonneurs à skis entraînés se voient obligés de faire des conversions pour changer de direction. Cette technique pose surtout problème aux débutants et aux aînés: les uns manquent d’entraînement, les autres de la mobilité nécessaire. Le risque de se blesser lorsqu’on a les jambes croisées est encore plus élevé avec des fixations à inserts, avec lesquelles le mécanisme de déclenchement de la butée avant doit être bloqué à la montée.

6 conseils pour réduire le risque de chute lors d’une conversion

  1. Anticiper la trajectoire de la trace pour faire le moins de conversions possible permet non seulement d’économiser de l’énergie, mais augmente également la sécurité. Pour effectuer les conversions, on choisira si possible des endroits où une glissade n’entraîne pas de conséquence fatale, c’est-à-dire les emplacements les plus plats avec de la neige aussi molle que possible. Mieux vaut ne pas mettre les cales sur la position la plus haute.
  2. La méthode la plus efficace et la plus sûre est la conversion amont avec «coup du talon» (voir la vidéo-flash de Firmin Mollard, Guide aux Contamines-Montjoies).
  3. Si la neige est dure, les conversions exigent une technique bien maîtrisée. Le risque de chute est donc bien plus marqué. Des couteaux peuvent alors se révéler très utiles, à condition de les installer avant la pente raide. Pour la conversion, il peut être utile d’aménager une plateforme avec les pieds, avec la pelle ou avec le piolet si la neige est dure, surtout pour un groupe avec des participants de niveau plus faible.
  4. Dans les passages étroits et en particulier en terrain exposé, il est plus sûr et moins fatigant d’enlever ses skis et de franchir le passage à pied. Pour cela, on fixe ses skis sur le sac. La plupart des sacs de randonnée disposent d’attaches prévues à cet effet. Si le passage est court et facile, on peut prendre les deux skis attachés ensemble dans une main et les utiliser comme un bâton de ski.
  5. Une pente à partir de 30 degrés environ constitue également un facteur essentiel dans l’estimation du risque d’avalanches. La nécessité de devoir effectuer des conversions à la montée indique de manière claire et fiable quelle est l’inclinaison de la pente où l’on se trouve, surtout si la visibilité sur le terrain est mauvaise.
  6. Si les conditions de neige sont très mauvaises (neige carton), il peut s’avérer utile de faire des conversions aval. Cependant, elles sont délicates à réaliser, car on risque de crocher le ski contre la pente lorsqu’on se tourne et de perdre l’équilibre. En général, pour plus de sécurité, il est conseillé de glisser latéralement jusqu’au prochain replat.

Texte copyrights: Ueli Mosimman, « Perte d’equilibre au tournant », Les Alpes 3/2018, Club Alpin Suisse

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